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Prendre un papa par la main

Tristane Banon

Robert Laffont

  • Conseillé par
    7 février 2018

    La veille de son accouchement, Sasha apprend par SMS que le père de son enfant la quitte. Désemparée, elle met au monde une petite Thelma qu'elle va devoir élevée seule. La peine et les larmes cèdent peu à peu la place à la joie d'accueillir une enfant très sage qui semble percevoir la tristesse de sa maman et ne veut surtout pas la déranger par ses pleurs. Entourée d'amis fidèles, la jeune mère célibataire fait face à un quotidien forcément chamboulé par l'arrivée d'un bébé. Elle est bien décidée à faire au mieux et à se consacrer exclusivement à son nouveau rôle. Autour d'elle, on voudrait la voir heureuse, on essaie de la caser mais elle refuse les sollicitations. C'est sans compter avec la volonté du nourrisson qui a bien compris qu'il manquait un papa à sa maman et est bien décidée à lui offrir ce cadeau. Elle jette son dévolu sur Martin...

    Il y a deux façons d'appréhender le dernier livre, largement autobiographique, de Tristane Banon. La première est de laisser parler son côté fleur bleue et d'y voir un joli conte moderne où une pauvre fille lâchement abandonnée la veille de son accouchement retrouve le bonheur auprès d'un homme et par là même un père pour son gentil bébé.
    La deuxième est de se voir submergé par tant de mièvrerie et de guimauve. Au secours ! Rien ne va dans ce bouquin ! La mère éplorée qui doit élever un bébé toute seule ! Oui et alors ? Combien sont-elles dans ce cas, ces mères qui jonglent entre enfants et boulot sans aide d'aucune sorte ? Tristane, ou plutôt Sasha, a une tripotée d'amies toujours prêtes à prendre en charge le bébé pour une soirée, une nuit ou un week-end. A son service, une pauvre philippine de 71 ans (!) s'occupe des biberons, va se promener au parc, donne le bain (parce que la pauvre Sasha n'y arrive pas avec cette maudite douche italienne dans laquelle il faut s'accroupir!) et monte et descend quatre étages sans ascenseur avec un nouveau-né sous le bras et des jambes bien fatiguées, sans compter l'heure de transports en commun qu'elle se coltine pour venir travailler. Bref, Sasha est une privilégiée qui n'a ni souci d'organisation, ni problème financier et qui peut concilier bébé et travail (elle écrit) sans sourciller. Et pourtant, elle se plaint, elle pleure, elle craque, elle se sent ''incomplète''. Parce que, oui, une femme sans homme est incomplète ! Un homme c'est beau, c'est fort, c'est grand. Un homme c'est superman alors qu'une maman, c'est juste une maman. Ok et bonjour à toutes ces femmes incomplètes qui pourtant assument célibat, autonomie et liberté. Afin de redevenir entière sans doute, Sasha tombe amoureuse, trois mois à peine après son gros chagrin d'amour. Et tout roule ! L'enfant et le papa potentiel s'aiment au premier regard. Il n'a aucune expérience des enfants mais biberonne, baigne, change les couches comme personne. Il est parfait et tant mieux pour Sasha qui, en plus de ne pas avoir la fibre féministe, aime se décharger du quotidien sur un homme qu'elle voit comme un roc, un pilier, un phare dans la tempête.
    Le style convient parfaitement à cette guimauve : une accumulation de jolies phrases pleines de bons sentiments qui sont autant de sentences sur la vie, l'amour, la maternité, l'amitié, la famille.
    Le livre d'une bobo qu'on excuse parce qu'on la sent blessée et fragile mais qui ne conviendra pas à tous.