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Et ils dansaient le dimanche

Paola Pigani

Liana Levi

  • 19 octobre 2021

    En ouvrant ce nouveau livre de Paola Pigani,  retraçant  l'arrivée en France d'une jeune hongroise c'est ce tableau d'Angelo Tommasi Gli emigranti qui se déploie.

    La fiction est ce qui reste pour combler les silences d'une génération à l'autre. Paola Pigani raconte le tempo commun d'un groupe d'ouvriers exilés d'Italie et de Hongrie. Sjonza, Elsa, Bianca, Marco sont comme les vêtements d'une même lessive  qu'emporte le tambour de l'industrie textile  au début du XXème siècle.  Ils sont une même masse textile qui tourne et tourne encore,  chaque dimanche,  au bord de la Rize.

    Les saisons rythment la narration,  les gestations, les fêtes dominicales  à  la cadence des machines de production du viscose.

    Le filage s'associe au verbe, liant la fibre tant à la matérialité du monde qu'à des strates plus symboliques.  Les " petites Italies" réinventent une identité locale près de l'usine.  Le groupe habite un temps cyclique,  sans cesse répété dans l'atelier.  Chacun accomplit ensemble les boucles du temps: de l'insoumission à l'avènement du Front populaire.
    Le fil de narration véhicule fonction et signe de l'immigration. On comprend la matière,  sa provenance et sa finitude. L'industrie textile exerce une influence profonde sur les cadres mentaux  des immigrés,  rejetés, insultés, discriminés.
    Le viscose porte le monde en tous sens à la Tase. Il naît d'une tige si grêle que l'on tresse , non intacte mais brisée,  broyée et réduite par la violence,  comme celle que l'on impose au corps ouvrier.
    Toute la langue de Paola Pigani sur le tissage et le monde de l'usine se fait métaphore pour expliquer le fragile équilibre des forces qui sied au groupe. Un terreau fertile à la division au travail de chaque protagoniste.  Ce texte est un subtil équilibre des tensions à l'oeuvre dans la science combinatoire de la politique du Front populaire.  C'est la fusion des contraires où le faible et le fort s'affrontent pour un vivre ensemble plus harmonieux.

    Sjonza ajuste son corset,  non celui de la rigidité des contremaîtres ou d’ un mari, mais bel et bien celui de la liberté.


  • Conseillé par
    16 septembre 2021

    immigration, Lyon

    Lyon, ville de la soie et des canuts. L’histoire que raconte Paola PIGANI dans son dernier roman est plus contemporaine.

    L’histoire se déroule à Lyon, il est question de la soie, mais celle issue de la chimie, la soie artificielle.

    Les ouvriers ne sont plus les canuts mais des paysans de l’Europe de l’est que les entreprises font venir, leur assurant le gîte et le couvert.

    Nous suivons Szonja, arrivée à Lyon en 1928 depuis sa Hongrie natale.

    Elle découvre la langue française, le travail à l’usine, les femmes de toutes les nationalités, les polluants chimiques, la ville.

    A travers la vie de cette ouvrière comme les autre, se lit en arrière-plan la crise de 29 et l’arrivée des congés payés.

    J’ai aimé les amitiés entre femmes (forcément séparées des hommes en ces années-là), le soutient mutuel malgré parfois la barrière de la langue, les expressions et chansons italiennes.

    J’ai eu de la peine pour Szonja dont le mari devient alcoolique et la frappe.

    J’ai aimé partir respirer les dimanches sur les bords de Saône.

    J’ai découvert que la Villa Gillet devait son nom à cette riche famille qui inventa la fibre de viscose.

    J’ai aimé le paysan qui apporte au couvent des soeurs où logent les travailleuses son lait et quelques patates. Pour « ses fenottes de partout » comme il les appelle affectueusement.

    J’ai aimé les château d’eau comme point de repère de Szonja, comme un ancrage dans ce nouveau monde qui la malmène.

    Un roman touchant.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la muette qui aide les femmes de l’atelier, sans jamais prononcer un mot.


  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2021

    Paola PIGANI nous livre la destinée de Szonja, puis celle d'Elsa, celles de Marco, Luigi, Bianca et d'autres...
    Leur point commun ? Leur dévouement pour l'usine de soie de Villeurbanne pour laquelle ils ont quitté leurs pays.
    Leurs forces ? Une soif de dignité et des luttes en bandoulières.
    Entrez dans la danse !

    Emilie