technologie
Je ne suis pas à une contradiction près : je ne lis jamais de SF, sauf Alain DAMASIO.
Je me suis donc empressée de me procurer son dernier ouvrage, avant de prendre le temps de le lire.
Il ne s’agit pas d’un roman mais de réflexions autour de la technologie qui gouverne nos vies, nos corps, nos émotions.
Lors d’un séjour à la Villa Albertine à San Francisco, l’auteur a eu le privilège de rencontrer certains acteurs de la Silicon Valley, mais aussi d’arpenter les quartiers pauvres de la ville. Il nous livre ses réflexions fruits de ces rencontres.
Avec cette passion des mots qui lui est propre, il amène à réfléchir à travers une gymnastique du langage sur nos vies futures.
J’ai ainsi découvert l’anneau de l’Apple Park, bâtiment circulaire dans lequel personne (hormis ceux qui y travaille) ne peut pénétrer, alors que tout le monde confie à Apple (et consort) des informations sur sa vie.
J’ai découvert les voitures blanches autonomes qui circulent dans la ville, expérimentant la voiture sans chauffeur. L’auteur imagine à ce propos un scenario catastrophe amusant de réalisme.
J’ai aimé ses réflexions sur le nouveau rapport au corps qui passe par des capteurs (cardiaque, sommeil…), éloignant les utilisateurs du ressenti direct plus émotionnel.
Enfin, j’ai aimé le dernier chapitre constitué d’une nouvelle inédite dans laquelle dans un futur pas si lointain, la nature se déchaine et la famille en prise avec les éléments est dépassée par l’Intelligence Amie qui régit l’appartement. Je ne vous dévoile pas la fin, pleine d’espoir tout de même.
Une lecture, comme toujours avec Alain DAMASIO, qui fait réfléchir sur l’emprise des nouvelles technologies sur nos vies sans être manichéenne.
PS : j’ai trouvé original l’utilisation de la féminisation des pluriels, rebattant les cartes du « masculin qui l’emporte », plongeant ainsi un pôle de l’humanité dans l’ombre dans laquelle il avait placé le féminin.
féminisme
Je découvre l’auteure avec ce polar proposé à petit prix en numérique par les éditions Actes Sud à l’occasion de la sortie du film tiré de ce roman paru en 2022.
J’ai aimé suivre Maddie depuis sa vie paisible de bourgeoise de Baltimore jusqu’à son travail de journaliste dans un quotidien local.
J’ai aimé les voix des autres personnages qui viennent compléter le récit des actions de Maddie.
J’ai aimé, femme blanche, qu’elle ait pour amant un policier noir en cette année 1966 où un tel couple était interdit par la loi.
J’ai aimé découvrir la rédaction d’un journal local, à l’époque majoritairement masculine. Et j’ai aimé la détermination de Maddie à faire sa place dans le métier.
J’ai découvert les expériences mystérieuses de Fort Detrick, où un personnage, objecteur de conscience, a reçu des doses de bactéries.
Un roman qui parle de la petite place des femmes dans cette société masculine, mais Maddie sait jouer de son pouvoir de séduction et de son savoir sur l’omnipotence masculine pour découvrir les coupables.
Je ne vous ai pas parlé de l’enquête : il y en a deux, mais je vous laisse découvrir le roman.
L’image que je retiendrai :
Celle de Maddie cachant sa bague de fiançailles dans son pot de violettes africaines pour faire croire à un cambriolage, toucher l’argent de l’assurance et la revendre par la suite.
vie moderne
J’ai aimé Anna, au début, jeune femme tout juste sortie de sa fac de philo et qui se retrouve chez Pôle Emploi.
J’ai aimé le regard qu’elle porte sur la société, toutes les citations de philosophes et les concepts qu’elle utilise, sans que cela lui serve à grand chose.
J’ai aimé que son premier job consiste à faire des signes au public d’un show télé, comme si le public avait besoin qu’on lui dise comment réagir.
J’ai moins aimé ma lecture à partir du moment où son petit ami crache des billets : Anna devient alors complètement matérialiste, trop. Et elle m’a énervée.
J’ai eu de la peine pour son amie qui prépare le CAPES et qui l’appelle à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour lui demander des éclaircissements sur le Dasein ou La Phénoménologie de l’Esprit.
En refermant ce roman, je dois dire que j’ai aimé ce qu’il dit de l’Amour et de notre société moderne.
L’image que je retiendrai :
Celle du gimmick du père d’Anna qui lui fait des crêpes quoi qu’il se passe (bonheur ou chagrin).
femme
Où l’on suit alternativement Mia et Louise, deux amies qui ont subi le même traumatisme : elles ont été violées.
Louise a du mal à se remettre : son corps lui est devenu étranger. Mia est aussi pleine d’une colère qu’elle a du mal à canaliser.
J’ai aimé que l’auteure me parle du viol : comment et pourquoi les hommes passent toujours au travers des mailles du filet ; ce que cela fait sur la victime qui ne doit pas se victimiser.
J’ai aimé ce gang de filles qui décident de prendre les choses en main et de se venger, sans coup, juste des dégâts matériels chez ces hommes qui se pensaient intouchables.
J’ai aimé les références pas trop appuyées aux sorcières.
Et surtout, malgré toute la colère qu’il y a au début du roman, j’ai aimé que ces filles, après des moments de dépression plus ou moins sévères, sachent se reconstruire entre elles.
J’ai été effaré de lire que rien, dans les institutions de l’État, ne soit mis en place pour aider ces filles et ces femmes victimes.
J’ai aimé lire, encore une fois, pourquoi les femmes sont d’éternelles victimes : les injonctions qu’elles reçoivent depuis toute petite, leur parole toujours mise en doute, la faute rejettée sur elles.
Un texte fort sur des jeunes femmes qui ne s’en laisse plus compter.
L’image que je retiendrai :
Celle du taser ou de la matraque que certaines d’entre elles portent toujours sur elle et qui leur sert, malheureusement.
Afrique
Le style ne m'a pas emballé, mais j'ai adoré l'histoire de Bourma.
J'ai aimé que Bourma découvre Camus et se révolte contre le ministère car il n'est pas un esclave.
J'ai aimé son admiration pour la nageur Russe Alexandr Popov.
L'auteur nous montre en filigrane la débrouille quotidienne dans un pays autocratique.