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Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Conseillé par (Libraire)
31 mai 2015

Rude...

À bord d’une voiture, un homme quitte Paris, précipitamment. Dans le coffre, quelque chose cogne dans les virages. Au fur et à mesure qu’il descend vers le Sud, lui revient à lamémoire que son père est venu d’Adalousie travailler dur sur des chantiers,leur vie sasn des quartiers pauvres, sa condition d’immigré. À Cadix, fin du voyage, retour aux origines.

Un court texte qui, dans une écriture tendue, explose de douleur et de violence contenue. C’est un texte d’ouvrier méprisé, de dominé hanté par sa fierté bafouée, d’un homme qui brise ses chaines et règle ses comptes, quoi qu’il en coûte. C’est brut de décoffrage et très fort.

22,00
Conseillé par (Libraire)
15 mai 2015

Parce que le co-fondateur de Vox, une site d'informations, pousse Christophe a publier un article sur YouPorn qui vient d'être créé (nous sommes en 2006), il va entrer en contact avec Marianne, la fille de la sextape qu'il vient de découvrir. Elle est très choquée d'apprendre qu'elle est visible sur ce site et furieuse que son ex ait publié cette vidéo. Pour l'aider, Christophe a recours à Paul, un hacker de 19 ans, qui avec ses amis d'Anonymous a organiser la vengeance. Ces trois personnes se lient d'amitié et se rencontrent souvent dans un lieu virtuel pour discuter de l'affaire, de leur vie, d'Internet. Surtout d'Internet, puisqu'ils y sont tous liés : Marianne est blogueuse et thésarde, Paul passe ses journées devant son écran et Paul est un journaliste qui pense qu'Internet va changer le monde.
On les retrouve neuf ans plus tard. Dans leur vie réelle, le temps a fait son œuvre : Marianne a un enfant et Christophe en a deux, Paul est toujours geek et devient amoureux, Christophe est très investi dans son job de rédacteur en chef d'un site d'informations. Dans le monde virtuel, la technologie a bien évolué. Tout le monde est connecté et les défauts du monde réel se diffusent dans le monde numérique.
Pour eux, tout pourrait aller pour le mieux. Mais justement parce qu'ils sont toujours connectés, quelques indiscrétions involontaires dans les messageries provoquent la catastrophe. La tartine très bien beurrée tombe du mauvais côté.
Le roman oscille entre fiction pure (bien que parfois sans doute un peu autobiographique) et essai sociologique, réflexion sur les dangers d'un Internet débridé. L'écriture de Titiou Lecoq est moderne et détendue. Elle va du cynisme réaliste à l'humour distancié. Elle décrit aussi bien la vie réelle de ces personnages auxquels on s'attache et on peut s'identifier, que la vie virtuelle. Car les personnages sont des êtres qui vivent dans ces deux mondes sans se démettre de leur unité. Leur vie réelle est greffée sur Internet. En témoigne l'affaire de la mutuelle qui radie Marianne au prétexte qu'elle est identifiée comme cliente à risque. Cette identification qui surgit du croisement des données recueillies dans les gestes de la vie ordinaire de Marianne témoigne de la dangerosité du Big Data et de son intrusion dans la vie concrète
Ce roman est aussi l'histoire d'Internet, terre inconnue que certains ont découvert avant d'autres, qui a suscité bien des espoirs, des rêves d'un monde meilleur. Mais ce monde s'est fracassé sur la réalité de l'entreprise, des luttes de pouvoir et des intérêts personnels. Maintenant qu'on peut gagner sa vie sur Internet, les lois sont les mêmes que dans le monde capitaliste. Nos héros vont en faire la cruelle expérience. Mais si l'utopie est morte, si les personnages ont vieilli, chez Titiou Lecoq, ils restent beaux et attachants. Espérons que la catastrophe à laquelle ils vont être affrontés, les aident à sortir de la folie d'Internet, à profiter de la vie, de la nature, de leurs proches, de leur amitié.
Voici un roman fort agréable à lire qui est aussi un moyen pour nourrir notre réflexion au moment où se met en place la loi sur le renseignement.

Conseillé par (Libraire)
5 mai 2015

Y a pas de magie...

Dans ce roman, Morgane est loin d’être une fée, Dulac et Lanchelot sont des chevalier snoirs, Arthur est le patron de cette Table ronde que des promoteurs véreux voudraient bien envahir. Brocéliande n’est pas une forêt fabuleuse et magique, mais une banlieue à la dérive, vouée au tout-béton. Le fric est la loi des promoteurs et pourrit les relations. Les rêves des jeunes sont bridés par la frénésie aride des bétonneurs qui ne pensent pas au cadre de vie, sauf au leur.
Bref, tout va à l’eau.
Cela donne cet étonnant roman noir, au ton léger, à la blague facile, peut-être par pudeur, pour ne pas reconnaître que cette histoire pousse au désespoir. Même le rock n’arrive à percer dans cette vie de grisaille.

Conseillé par (Libraire)
21 avril 2015

Charonne est une jeune métisse adoptée par Gladys et Régis qui ont tenté de la rendre à l'Aide sociale à l'enfance. C'est peu dire qu'elle n'est pas aimée, sauf par sa grand-mère Nelly, une ancienne actrice qui la regarde au-delà de son apparence physique. Disons de suite que cette jeune fille a décidé de mener sa vie malgré ce dont elle manque.

Le roman est structuré en trois partis. D'abord le récit de Charonne, cette jeune fille très grosse au beau visage. Elle décrit ses relations avec le reste de la famille, si tant est que c'en soit une. Elle se tire plutôt bien de sa situation d'enfant non-aimé qui sait qu'elle ne peut compter que sur elle-même. Puis celle de Nelly, mariée une première fois à Fernand qui l'a intensément aimée et qui a été un fabuleux amant. Puis à Charlie, qu'elle a aimé à la folie, bien plus que lui ne l'aimait. Enfin Gladys, la fille de Nelly mariée à Régis, le fils de Charlie, raconte sa vie de femme qui n'a été aimée par personne, qui n'a aimé personne, qui déteste même tout le monde, au point de ne souhaiter qu'être délivrée de toute contingence.

L'écriture d'Emmanuelle Bayamack-Tam est belle et d'une grande précision. Le roman fait une belle part à l'influence des contes dans la construction de l'individu dont la vie a sa part d'irrationnel, du moins si j'en crois l'irruption des fantômes dans le bureau de cette étrange maison de famille, lesquels peuvent venir apporter des réponses aux questions des vivants.

Comme je ne peux imaginer que l'auteur s'exprime au premier degré, je ne crois pas que c'est par racisme qu'elle fait tenir à Charlie et aux hommes du bistrot ces propos offensants pour Charonne. Ils créent l'effroi du lecteur devant un racisme bassement ordinaire et tellement bête. C'est comme une prévention en ces temps où l'intolérance s'exhibe de façon décomplexée. De même pour la description du vieillissement de Nelly et de la démence de Charlie. Descriptions impudiques, certes, qui reflètent tellement la réalité.

Plus qu'un roman sur la famille recomposée, sur le vieillissement, la démence de la fin de vie, c'est le rapport à l'amour qui m'a le plus intéressé. Un amour qui excuse tout pour Nelly, elle-même n'ayant pas su aimer sa fille. Un amour nécessaire pour Charonne qui ne peut grandir sans en recevoir et en donner à son grand-père. Un amour impossible pour Gladys qui ne c'est pas ce que c'est, qui ne voit de ceux qui l'entourent que le rejet, le refus de l'aimer, et qui, totalement égoïste, est incapable de se laisser atteindre par les attentions ou la vérité d'autrui.

C'est un roman à part, à la fois addictif et dérangeant, voire révulsant, qu'on ne lâche cependant pas. Un roman foisonnant dont on pourrait parler longtemps. Un roman qu'on n'oublie pas tout de suite.

Binic, Saint-Quay

Ouest & Cie

10,00
Conseillé par (Libraire)
18 avril 2015

Dans cette histoire tragique, il y a quelques méchants commece ce diplomate de l'ambassade de France qui fui lâchement et bassement, en abandonnant sa maîtresse cambodgienne enceinte. Son passé va le rattraper alors qu'il s'est retiré à Binic, où il mène une vie banale et discrète, cachant bien son appartenance à un groupuscule d'intégristes.
Il y a les bons comme Matt Kendrickx qui a été un journaliste sportif réputé qui a changé de vie, terrassé par le décès de son épouse. Il est devenu moniteur d'auto-école, sérieux et pédagogue.
Et il y a ceux qui cumulent, qui sont bons en apparences et noirs à l'intérieur comme ces jeunes femmes qui veulent se venger et qui manipulent ceux dont elles ont besoin pour l'accomplir.
Il y a aussi les victimes, qui ne sont pas que le metteur en scène assassiné...
Sur un fond mélangeant histoire et affaires plus ou moins récentes, l'auteur nous offre son premier roman noir qui se déroule dans le pays de Saint-Brieuc. Un roman noir, sinueux et tragique, avec des personnages qu'on préfère ne jamais rencontrer, et quelques autres plus humains -sans doute trop humains- qui en tempèrent la noirceur.
Un roman triste, finalement.