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La ballade des misérables

Aníbal C. Malvar

Asphalte

  • Conseillé par
    1 novembre 2015

    Mauvaise réputation

    Le 7ème festival Toulouse Polars du Sud vient d’attribuer le prix Violeta Negra à Anibal Malvar pour La ballade des misérables, l’occasion de braquer les projecteurs sur ce formidable roman noir où l’auteur espagnol, qui est aussi journaliste, transmue l’histoire d’enfants gitans disparus en une ode populaire écrite au couteau.

    Le Poblao, bidonville gitan à quelques encablures du centre de Madrid, est une ville dans la ville, où la décharge à ciel ouvert fait office d’horizon. Plaque tournante de la drogue et de la prostitution, le Poblao est une zone de non-droit avec ses chefs et ses codes. Excepté un fourgon médicalisé qui approvisionne les junkies en méthadone, la municipalité et la police ont renoncé depuis longtemps à s’y aventurer, jusqu’à ce qu’une fillette disparaisse.

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  • Conseillé par
    14 mars 2015

    Au Pablao, un bidonville abandonné de tous, aux abords de Madrid, seule la caravane sanitaire de Soeur Soledead apporte une lueur d'espoir. La religieuse soigne les blessés, vacccine les enfants, ravitaille les junkies en méthadone. C'est dans cette zone de non-droit où cohabitent trafiquants, voleurs, dealeurs, prostituées et miséreux qu'une petite fille a disparu. D'elle, il ne reste qu'un mouchoir, un soulier troué, et, tout près, la ceinture de Calcao, un simple d'esprit, coupable idéal. Fort de cet indice indiscutable, Perro, vieux gitan, patriarche du Pablao et grand-père de la petite disparue, se fait justice en abattant le pauvre bougre, sans autre forme de procès. Après ce meurtre, la police, qui n'aime pas spécialement se mêler des affaires des gitans, se doit d'intervenir.

    C'est l'inspecteur Pepe O'Hara qui vient mener l'enquête. Et même si le flic est coriace, même si avec Ramos, il forme un duo de choc, même s'il peut compter sur la collaboration de Ximena, la jeune et belle journalistes amoureuse de lui, le vieux Perro ne croit pas en la justice des Gadje. Du fond de sa prison, il missionne Tirao pour trouver le coupable. ils ne sont pas amis mais l'ancien toxico a connu lui aussi la disparition d'une enfant.

    Un roman noir et dérangeant qui raconte des disparitions d'enfants à travers plusieurs voix, celles de tous les protagonistes de l'histoire, et d'autres plus insolites, comme la lune, un insigne de police, un sexe d'homme ou même Madrid. Et c'est cette polyphonie qui fait toute l'originalité du propos. Tantôt lyrique et poétique, tantôt cru et vulgaire, le récit voyage entre misère et désespoir, sans répit dans la noirceur. Les personnages, détestables ou attachants ne tombent jamais dans les clichés ou le manichéisme et sont véritablement habités par l'esprit des lieux qu'ils hantent. Enquête il y a, puisque c'est un polar avec flics à la dérive, malfrats, armes à feu et disparitions inquiétantes, mais c'est plutôt un prétexte à une immersion dans les bas-fonds de Madrid, sur les terres de la communauté gitane qui y vit d'expédients et ne reconnaît pas la loi des hommes. Dans ce monde où les gitans sont pris pour quantité négligeable, ils voudront obtenir réparation, quitter la marge pour, au centre de la ville, crier leur révolte.
    Rien ne sera épargné aux personnages d'Anibal MALVAR qui veut raconter la vie telle qu'elle est pour ceux qui n'ont rien. Un très beau roman, dur, réaliste et surtout inoubliable.