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Alex-Mot-à-Mots

https://alexmotamots.fr/

Alex L., lectrice compulsive, presque anonyme.
Ayant une préférence pour les bons polars, mais aimant aussi les autres genres (sauf la SF, pitié....)

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13 septembre 2024

Afghanistan, femme

Je découvre l’auteure avec ce nouveau roman centré sur la vie de Marwa, chirurgienne pédiatrique spécialiste du coeur ; ses enfants Belkheir, Ahmad et Shor.

Le récit se déroule au 4 juillet au 20 août 2021, les talibans ayant pris la capital le 15 août sans combattre.

J’ai aimé Marwa, femme forte et éduquée qui ne souhaite pas que sa fille Shor se marie avec le fils du voisin, Shafiquillah, qu’elle soupçonne d’être affilié aux talibans.

J’ai aimé suivre Marwa lors de ses consultations à l’hôpital ; j’ai eu peur avec elle quand elle est suivi par un infirmier qu’elle a fait renvoyer ; je me suis demandé avec elle si il fallait mieux fuir son pays ou rester pour ses enfants.

J’ai aimé sa clairvoyance à propos de ceux qu’elle appelle ceux qui viennent.

J’ai été déçu par Shafiquillah qui croit vraiment que lorsque ses amis seront au pouvoir, tout le pays ira mieux : les gens se plieront aux règles avec joie et ce sera le bonheur. C’est bien peu connaître les autres que de croire qu’ils seront d’accord avec toi sur tout.

J’ai eu un peu de mal au début avec le style de l’auteure qui travaille certains mots pour venir percuter l’attention du lecteur et l’amener à réfléchir sur le sens premier ou sur la construction inacadémique proposée.

J’ai aimé que Marwa ne se voile pas les yeux sur la seule richesse de son pays que convoitent les talibans : le pavot.

Un roman sur la longue attente de l’inévitable.

L’image que je retiendrai :

Celle de la couleur bleue dont sont vêtues les femmes afghanes qui portent le hijab.

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28 août 2024

Lituanie

J’ai eu un peu de mal à entrer dans la petite musique de l’auteur, son imaginaire. Le premier chapitre avec les personnages qui se transforment en cochon est assez déroutant et tient du conte.

Et puis je me suis glissé aux côtés du personnage de Vincentas, photographe amateur recruté par l’Artiste (le commandant des SS en poste en Lituanie) pour tenter de capturer sur pellicule les visages au seuil de la mort.

Vincentas qui est amoureux de Judita, une femme juive mariée à Alexandras, compositeur d’opéras.

J’ai souri chaque fois que Judita apparaissait, une prune juteuse à la main.

Ce roman est celui de la Shoah par balles qui a eu lieu dans les pays du nord-est. Je n’ai donc pas échappé à quelques scènes descriptives révélant l’horreur de ces tueries.

C’est le but clairement affiché de l’auteur en fin de volume : écrire un roman sur ces faits passés sous silence dans son pays.

J’ai été étonné qu’il utilise des noms d’apôtres pour les bourreaux, des noms de disciples. Il s’en explique également : dans la conscience des Lituaniens, Jésus était bien juif. Ce qui ne les a pas empêché de laisser les juifs de leur pays se faire tuer.

La citation en épigraphe de Julian Barnes prend tout son sens : « Le plus grand patriotisme est de dire à son pays qu’il se comporte de manière déshonorable, idiote et cruelle ». M. PARULSKIS, vous êtes donc un grand patriote.

L’auteur pose la question, après Peter Brook, de savoir après combien de temps un massacre devient romantique ? Si tant est qu’il le devienne un jour, oserais-je dire.

Une lecture forte qui demande au lecteur de s’accrocher et pour entrer dans le récit et pour ne pas en sortir dégoûté par les actions humaines.

Une citation :

Montrer ce qu’est une chose dans sa vérité. La photographie se trouve toujours derrière la chose, au-dessus de la chose sans être la chose elle-même. (p.79)

L’image que je retiendrai :

Celle de Judita tenant la tête tranchée d’un rabbin sur ordre de l’Artiste.

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28 août 2024

Liban

Le récit commence à Beyrouth le 13 avril 1975.J’ai eu un peu de mal au début avec tous ces personnages et ces familles libanaises : les Nada grande famille maronite ; les Gemayel dont Bachir va devenir président du Liban et Philippe Kellermann le conseillé politique de l’ambassade autour de qui tourne le récit.Et puis le roman commence sur les chapeaux de roues avec l’enlèvement d’un fils de famille. L’auteur prend ensuite le temps de poser les personnages du drame libanais.

La famille Nada avec le père Nassim, les fils Edouard, et Charles resté au Liban (Charles fait du trafique de drogue) et Michel parti en France au RPR pour faire entendre la cause libanaise. Son mariage avec la juge Gagliago sera un échec.

L’assassinat du président Bachir Gemayel déclenchera les massacres de Sabra et Chatila, la tuerie des réfugiés palestiniens dont les corps seront recouvert à la pelleteuse pour qu’il n’y ai pas d’enquête.

J’ai été touché par le personnage de Philippe Kellermann qui tente de faire valoir la cause libanaise au sein du PS ; son amour pour Zia la traductrice ; sa consommation anxiolytiques et d’arak.

J’ai suivi avec intérêt le personnage de Dixneuf, officier de la SDECE qui tente d’y voir clair dans le jeu politique.

J’ai aimé et détesté le personnage de Zia al-Faqîh, d’abord traductrice de l’ambassade de Beyrouth, puis appartenant à la katiba d’Abdul Rascol qui recrute des adolescents pour le martyr.

J’ai découvert une partie de l’histoire politique du Liban : son occupation par Israël mais aussi par la Syrie sur une partie de son territoire.

J’ai appris l’existence de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie (l’ASALA) composée de jeunes arméniens galvanisés par l’exemple palestinien. Il est dirigé par Hagop Hagopian qui serait en contact avec avec le Fatah-Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal.

J’ai appris le rôle de la communauté chiite dans les troubles, communauté qui s’appuie sur la république islamique d’Iran.

J’ai découvert le double jeu de la France qui a hébergé Khomeini puis le Shah ; France qui soutient les chiites d’Iran mais vend des armes à l’Irak.

Je croyais que Abou Nidal était le nom d’un groupe terroriste, et en fait non ; et les membres d’Action Directe négociaient avec le président Mitterand. Elysée qui négocie aussi avec Abou Nidal..

L’auteur évoque aussi l’attentat de la Rue des Rosiers et autres attentats qui ont ensanglantés Paris dans les années 70-80.

N’oublions pas le Hizbu-Ilàh, qui vient mettre son grain de sel.

Mais alors la cerise sur le gâteau, c’est l’affaire Eurodif : cette société spécialisée dans l’enrichissement de l’uranium se voit prêter 1 millliard de dollars par le Chah pour venir produire en Iran. Après la révolution islamique, le république des mollahs demande le remboursement à la France.

Une lecture un peu technique et politique (beaucoup de jeux de pouvoir) qui ne plaira pas à tout le monde, mais j’adore l’écriture de Frédéric PAULIN et sa façon d’éclairer les conflits actuels.

Il ne prend pas son lecteur pour une cruche et met en lumière les liens restés cachés des alliances politiques au Liban et en France.

Même si le mot fin apparaît à la dernière page, il me tarde de lire la suite de l’Histoire du Liban, une histoire mouvementée et tellement en lien avec l’Hexagone.

Quelques citations :

Oui, peut-être que pour les pays étrangers le Liban n’est qu’un moyen de renforcer leur puissance régionale. Peut-être que le Liban n’a pas d’autre intérêt pour ses puissants voisins que d’être un champ de bataille où régler leurs comptes. (p.88)

Depuis le début de l’été, les attentats se succèdent en France. Qu’ils soient revendiqués ou imputés à Action Directe, aux Arméniens de l’Asala ou aux Palestiniens du Fatah-Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal, les flics et la justice sont démunis. (p.274)

Depuis la mort d’Hussein ibn Ali, le « roi des martyrs », à Kerbala en 680, l’islam chiite accepte le sacrifice. (…) Les Iraniens l’emploie depuis le début de la guerre contre l’Irak. (p.409)

Dans le grand bordel du monde, seul le hasard peut changer les choses. (p.443)

L’image que je retiendrai :

Celle de Zia, traductrice à l’ambassade, qui prend le voile pour pouvoir défendre la cause chiite mais qui se bat également pour ne pas être reléguée à la maison.

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28 août 2024

écologie

Je découvre l’auteur avec son nouveau roman qui commence comme une histoire vraie : 4 scientifiques de Berkley écrivent le Rapport 21 en 1973 sur les perspectives de l’humanité. Bien sûr, les différents scenarios sont catastrophiques. L vrai rapport de 1972 a pour titre Les limites à la croissance.

J’ai aimé suivre Mildred et Eugene DUNDEE qui se verront confier la lourde tâche de parcourir le monde pour donner des conférences de presse en vue de faire connaître le rapport. Le couple décide, après la campagne de dénigrement dont ils ont fait l’objet, de se retirer à la campagne et d’élever des porcs.

Il y a le français Querillot qui ira ensuite travailler pour ELF et vivre une vie de nantis.

Et puis il y a le mystérieux norvégien Johannes Gudsonn, mathématicien prometteur, qui a littéralement disparu des radars.

Le journaliste Rudy Merlin est chargé de retrouver sa trace.

J’ai retrouvé avec plaisir le nom du mathématicien français Grothendieck, réformateur de la géométrie algébrique, plus grand mathématicien du 20e siècle, et qui a choisi la voie écologiste dès 1971.

J’ai découvert le groupe Bourbaki (toujours à propos des mathématiques), mais aussi mes enseignements de dynamique des systèmes et de typologie générale à Berkley.

J’ai eu de la peine pour le norvégien, jeune prodige des mathématiques, abandonné par sa famille, et obsédé par la suite de Fibonacci, la malédiction des villes et la bombe démographique.

Je me suis demandé pourquoi Unabomber se trouvait dans le texte : parce que Théodore Kaczynski a été lui aussi professeur à Berkley avant de devenir un ermite tueur.

Bien sûr, j’ai aimé ce roman qui remet la pensée de Bernanos au centre du combat du norvégien : un penseur contre la technique à tout prix (p.385).

J’ai aimé les pointes d’humour qui se glisse parfois : « La veuve Dundee était gaulée comme une momie » (p.420)

Un roman qui met en scène, dans sa seconde partie, la dérive d’un homme qui cherche la Perfection du Nombre en s’éloignant de l’humanité.

L’image que je retiendrai :

Celle de la cabane en Norvège dans laquelle vit Gudsonn quelques années avant de l’abandonner : en pleine nature, loin de la ville.

Terra Alta II

Actes Sud

10,70
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28 août 2024

Catalogne, indépendance

Je découvre l’auteur avec ce second opus de la trilogie Terra Alta. Un livre mis en avant par ma librairie préférée et dont la quatrième de couverture me tentait.

Pensez donc : un polar se déroulant dans les arcanes du milieu indépendantiste catalan.

J’ai découvert le personnage principal Melchor Merlin au passé agité ; sa fille Cosette prénommée ainsi car Melchor est un fan des Misérables ; la fin tragique de sa mère et son passé de délinquant pour un cartel sud-américain.

Je l’ai suivi lors de cette enquête à Barcelone pour découvrir qui fait chanter la maire, et pourquoi.

J’ai aimé écouter le mystérieux informateur qui nous révèle le pourquoi du comment, et j’ai eu de la peine pour lui qui a souvent fait les mauvais choix.

J’ai découvert le Monero, une crypto-monnaie open source intraçable (la maire doit payer la rançon en Monero).

J’ai découvert que Barcelone était une des porte d’entrée du narco-trafique : Melchor a fait partie d’un gang et l’unité dans laquelle il travaille pour cette enquête s’occupe également de faire libérer l’épouse du narcotrafiquant de Santa Coloma.

J’ai souri chaque fois que l’on demande à Melchor si il a lu le roman de Javier CERCAS Terra Alta, qui parle de lui et de sa précédente enquête.

Comme lui, je ne l’ai pas encore lu, mais cela ne serait tarder.

Quelques citations :

… quand la démocratie a démarré, le nationalisme a instauré en Catalogne une cleptocratie clientéliste. C’est-à-dire, le gouvernement autonome volait les citoyens et le produit du pillage était réparti entre le parti du gouvernement et les familles du parti du gouvernement, à commencer par la famille du président. (…) enfin, toujours les mêmes salades : tout pour la patreie et ce genre de fadaises. (p.180)

A la Generalitat, nous avions notre homme, Artur Mas. Un type bien. L’un des nôtres qui parlait même castillan à la maison, comme nous. Mais les choses se sont compliqués et Mas a été chassé de la présidence, laissant derrière lui Puigdemont, un moins que rien de province, qui n’avait rien à faire là et qui n’avait ni pouvoir, ni respect, ni ascendant. Nous tenions tous pour acquis le fait que Mas le contrôlerait sans problème, mais nous nous sommes trompés. parce que Puigdemont était un croyant, un taliban qui prenait absolument au sérieux ce qui pour nous n’était qu’un leurre, une stratégie destinée à nous faire sortir sans dégâts de la crise. Pour lui, ce n’était pas pareil : il était prêt à aller jusqu’au bout, coûte que coûte, ou bien en craignant davantage de ne pas le faire que de le faire. Bref, un désastre. (p.301)

L’image que je retiendrai :

Celle des 3 amis issus de bonne famille qui se lance en politique pour continuer d’avoir le pouvoir sur la ville.